Production Mondiale de l'Huile d'Olive 2023/2024

Les prévisions du Conseil International Oléicole (COI) indiquent une diminution de 8 % de la production mondiale d'huile d'olive pour la campagne 2023/2024, atteignant 2,4 millions de tonnes (Mt).

Cette baisse survient malgré une demande maintenue, avec une légère diminution estimée à 3 %, et des exportations relativement stables (- 4 %).

En conséquence, les stocks de clôture devraient diminuer de manière significative, chutant de 63 %.

Cette situation tend à faire augmenter les prix en 2024.

Au niveau européen, la production devrait augmenter de 7 % pour atteindre 1,5 Mt.

Cependant, les principaux pays producteurs, confrontés à des conditions climatiques défavorables telles que des vagues de chaleur et des précipitations faibles pendant l'été, n'ont pas réussi à retrouver les niveaux de production antérieurs à 2022, à l'exception de la Grèce qui a enregistré une baisse significative.

Les prix élevés devraient affecter la consommation et, par conséquent, les exportations.

En ce qui concerne la France, après une récolte décevante en 2022/23 avec seulement 3500 tonnes, en baisse d'environ 40 % par rapport à la précédente, les acteurs de la filière estiment que la prochaine récolte sera satisfaisante.

Cependant, ces prévisions ne s'appliquent pas à toutes les zones de production.

Perspectives Campagne 2023/2024

Pour la campagne oléicole 2023/2024, au niveau mondial, la production devrait être inférieure à la moyenne des quatre campagnes précédentes, pour la deuxième année consécutive.

Les principaux pays producteurs sont estimés à produire 1,9 million de tonnes, représentant une baisse de 7 % par rapport à l'année précédente.

Cependant, malgré cette tendance mondiale à la baisse, les premières estimations de l'Union européenne indiquent que la production d'huile d'olive en Europe devrait se situer autour de 1,5 million de tonnes, en hausse de 7 % par rapport à la campagne précédente, où elle était de 1,4 million de tonnes.

Dans les principaux pays producteurs mondiaux d'huile d'olive, on observe des tendances divergentes.

Les pays de la méditerranée occidentale, comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Tunisie et le Maroc, prévoient des volumes de récolte stables ou en augmentation par rapport à 2022/23.

En revanche, la Grèce et la Turquie signalent une baisse significative de leur production, dépassant les 40 %.

Situation en Espagne, Italie et Tunisie

Dans le bassin de production occidental, bien que la production soit attendue en légère progression, les oléiculteurs de la Méditerranée occidentale sont confrontés à une sécheresse persistante et à des pénuries d'eau, des conditions aggravées par le changement climatique.

Par exemple, en Espagne, la production a diminué de moitié au cours des deux dernières années, mais devrait augmenter de 7 % par rapport à la campagne précédente, atteignant environ 550 600 tonnes, soit 72 % des volumes espagnols.

L'Italie, deuxième plus grand producteur mondial après l'Espagne, connaît une reprise de production d'environ 25 % pour la campagne 2023/24, atteignant des volumes estimés à près de 300 000 tonnes.

Cette augmentation est principalement due à de bonnes performances dans les régions du Sud.

En Tunisie, la production devrait rebondir de 11 % par rapport à 2022, atteignant environ 200 000 tonnes grâce à des conditions climatiques favorables et des investissements constants en irrigation.

Situation en Grèce et Turquie

Dans le bassin de production oriental, la Turquie et la Grèce ont été confrontées à des défis climatiques majeurs.

La Turquie, qui a enregistré une production record de 380 000 tonnes en 2022, devrait voir sa production chuter à seulement 200 000 tonnes en 2023/24, soit une baisse de 45 %.

En Grèce, la production devrait également diminuer de 42 % par rapport à l'année dernière, atteignant environ 200 000 tonnes, en raison de la sécheresse prolongée et des tempêtes.

Situation en France

En France, malgré des défis liés au changement climatique, les prévisions de production sont plus optimistes que l'année précédente.

Estimée à près de 4 500 tonnes, la production devrait connaître une progression d'environ 25 % par rapport à 2022.

Cependant, des disparités de production importantes sont observées entre les différentes zones oléicoles, avec des récoltes affectées par la sécheresse dans certaines régions.

Il est donc crucial pour les pays producteurs de développer des stratégies d'irrigation durables pour faire face aux défis climatiques à venir.

Pour la campagne française 2022/2023, la production d'huile d'olive a été fortement affectée par des conditions climatiques défavorables.

Les températures élevées dès le début de la campagne, associées à un faible niveau de précipitations, ont eu un impact négatif sur l'ensemble de la zone oléicole.

Ces conditions météorologiques, notamment les températures élevées pendant la floraison et la sécheresse persistante, ainsi que des épisodes orageux à l'automne, ont particulièrement touché les vergers non irrigués.

En conséquence, la production pour la campagne 2022/2023 a été relativement faible.

L'optimisation de la productivité des vergers demeure une priorité pour les producteurs français.

Cependant, il convient de noter que près de 75 % des surfaces oléicoles françaises sont gérées par des producteurs amateurs, dont le niveau de technicité peut être insuffisant pour optimiser la conduite de leur verger.

Cela souligne la nécessité de fournir un soutien et des conseils techniques aux producteurs afin d'améliorer la gestion de leurs vergers et d'atténuer les impacts des conditions climatiques adverses sur la production d'huile d'olive en France.

La production totale d'huile d'olive est estimée à 3 531 tonnes, enregistrant une baisse de près de 40 % par rapport à la campagne précédente 2021/22, où elle était de 5 785 tonnes, et de 28 % par rapport à la moyenne des quatre campagnes précédentes, établie à 4 883 tonnes.

Le rendement moyen national s'est élevé à un taux satisfaisant de 15 %, avec des variations observées entre les différentes zones de production, s'étalant de 12 à 19 %.

Dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse, la production d'huile d'olive a représenté plus de la moitié, soit 55 %, du total, tandis que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) a regroupé à elle seule 61 % des volumes produits.

Commercialisation de l'huile d'olive française

Quant à la commercialisation de l'huile d'olive française en 2022, elle est estimée à 1 960 tonnes. On observe une tendance de ralentissement des volumes vendus, avec une diminution de 11 % par rapport à 2021 et de 32 % par rapport à 2020.

Dans un contexte économique perturbé, marqué par une crise énergétique et une inflation croissante, la campagne de commercialisation 2022/23 s'est déroulée dans un environnement peu favorable à la consommation de produits à haute valeur ajoutée, parmi lesquels l'huile d'olive française.

L'augmentation générale des prix des denrées alimentaires, résultant notamment de la hausse des coûts de production, a été estimée à plus de 20 % pour les huiles et les graisses, ce qui a eu pour effet de freiner la reprise économique.

L'évolution des prix de l'huile d'olive

La baisse des volumes de production a entraîné une hausse des prix de l'huile d'olive, observable sur les marchés majeurs tels que Jaén en Espagne, Bari en Italie et La Canée en Grèce, qui représentent environ 60 % de la production mondiale et sont indicatifs des tendances de l'Union européenne.

Depuis la campagne 2019/20, le prix de l'huile d'olive n'a cessé d'augmenter, atteignant des niveaux records en 2023, avec une augmentation moyenne d'environ 70 % pour toutes les qualités d'huile d'olive confondues.

Perspectives

Selon un rapport Nielsen, le chiffre d'affaires de l'huile d'olive en France dans la grande distribution, pour la période allant de la campagne 2022/2023 jusqu'au mois d'avril 2023, s'élevait à 569 millions d'euros, soit une augmentation de 2 % en valeur mais une diminution de 7 % en volume vendu.

Les huiles d'olive représentaient 48 % du marché des huiles alimentaires en valeur.

Pour compenser la baisse des ventes en volume, les acteurs de l'industrie doivent s'adapter en proposant des alternatives innovantes.

Cela peut inclure des huiles d'olive issues d'une agriculture durable ou garanties sans résidu de pesticides, des formats de conditionnement à des prix plus abordables, ou encore le développement de gammes à base d'huile d'olive vierge, qui est environ 20 % moins chère que l'huile vierge extra.

Bien qu'aucune pénurie ne soit encore envisagée, les stocks des principaux fournisseurs européens tendent à diminuer en raison de la baisse générale de la production.

Afin de répondre aux normes de qualité en vigueur, les acheteurs doivent diversifier leurs sources d'approvisionnement en se tournant vers des pays en dehors de la zone traditionnelle de production.